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Barbituriques ; Le début d'une nouvelle aventure...

Dans chacune des histoires de cette série « Barbituriques », Barbie finira par tuer Rick, mais comment vais-je vous y emmener ? HIHIHI !

Quoi qu’il arrive, Barbie tue Rick.

Barbituriques Histoire 1

 

Mots choisis : Parc, institutrice, terreur, lumineux, persécuteur, irréfutable, supplice.

 

L’institutrice maudite.

Noëlla était une institutrice fatiguée. Elle en avait assez, malgré son jeune âge, de faire la classe à des terreurs.

Cela avait commencé deux années plus tôt, et depuis, sa situation n’avait fait qu’empirer. Lors d’une séance de lecture, alors que les petits de sa classe de grande section attendaient la fin de l’histoire qu’elle leur lisait, une petite fille jouait avec une poupée que Noëlla lui avait déjà retirée trois fois. La petite chantonnait, enfin, on aurait plutôt dit qu’elle miaulait, sans s’occuper des autres qu’elle déconcentrait.

L’institutrice, qui refusait de se fâcher, souffla à nouveau, se leva et demanda à la petite d’aller poser la poupée dans les étagères au fond de la classe.

_ Clarisse, je t’ai dit que tu pourrais jouer avec une poupée à la récréation, lorsque je dirai que tout le monde peut aller chercher un jouet. Pour le moment, il faut écouter la lecture. Elle ne te plait pas cette histoire ?

La petite, qui adorait jouer à la poupée et dont les parents la nommaient tendrement « Barbie », accepta qu’on lui prenne la poupée, mais n’écouta pas davantage lorsque Noëlla reprit la lecture. Elle attrapa sa voisine et voulut jouer avec ses cheveux, comme elle le faisait avec la poupée de plastique. La petite agressée se mit à hurler, les autres prirent le même chemin et la classe se transforma rapidement en pugilat.

Chaque jour, depuis cet évènement, un des gamins de la classe, jamais le même,  se mettait à faire n’importe quoi et déstabilisait le cours ; aucune des journées de la pauvre maîtresse ne se déroulait plus normalement. Dès que la jeune femme chargée de l’assister dans la classe quittait les lieux, le phénomène se produisait. Le plus étrange, était, que dès que quelqu’un  entrait dans la classe ou dès que l’heure de la fin des cours sonnait, tout rentrait dans l’ordre, comme par enchantement. Ce qui fait que personne n’avait jamais vu à quel point la pauvre Noëlla devait faire face à des monstres. Elle avait bien tenté d’en parler  à des collègues, mais comme personne ne pouvait rien voir, elle commençait à passer pour une folle.  Elle avait donc dû prendre son parti de cette situation particulière et dérangeante.

La pire des journées fut celle de fin de cette deuxième année. Une sortie dans un parc d’attractions fut décidée par l’école et  Noëlla se retrouva responsable de 8 jeunes enfants entre 4 et 6 ans. Comme s’ils s’étaient donné le mot, les enfants, qui n’étaient pas tous ses élèves habituels, s’arrangèrent pour que le groupe s’éloigne du reste de l’école. C’est alors que commença le supplice ...

Rick, un petit d’habitude très calme lorsque l’institutrice surveillait la cour de l’école, se mit à marcher à quatre pattes et passa derrière un stand de commande du manège transportant les petits aventuriers dans de fausses jeeps à travers une savane en carton-pâte. Le manège s’arrêta aussitôt et tous les enfants présents en descendirent sans rechigner pour aller  tester d’autres attractions. Rick réapparut de dessous la console et les 8 élèves grimpèrent dans les voitures de safari en riant et en se poussant gaiement. Noëlla n’avait rien remarqué du manège de Rick et, les accompagnateurs ayant pour consigne de suivre les enfants partout, elle fut bien obligée de grimper dans la voiture de queue, afin d’avoir l’œil sur tous les petits bouts. 

Au moment précis où elle s’assit, la calme savane disparut, le carton-pâte se mit à fondre sur des chromes rutilants pour les voitures et la végétation luxuriante d’une véritable jungle pour le reste du paysage. Les enfants s’amusaient à voir passer un serpent par-ci, une panthère par-là. Noëlla devait se mordre la langue pour rester stoïque, persuadée que son imagination lui jouait encore des tours. Mais lorsqu’un singe lui hurla aux oreilles en emportant le petit Rick qui se tenait à côté d’elle, elle sortit de ses gonds et paniqua vraiment. La voiture continuait d’avancer, conduite par une main invisible. N’apercevant plus le petit, caché par les frondaisons abondantes, elle pouvait, toutefois, toujours l’entendre hurler de loin en loin. Les autres enfants souriaient toujours. Semblant ne s’apercevoir d’aucun changement, ils faisaient les pitres et cherchaient visiblement les animaux à observer.  Noëlla se jeta hors de la voiture sans réfléchir et atterrit dans un fouillis de lianes et d’herbes hautes. Elle se releva difficilement, les genoux et les avant-bras en sang, elle regarda la suite de voitures s’éloigner, pour réapparaitre par un autre sentier ; ils tournaient en rond.

La jeune institutrice, n’écoutant que son courage _, mais qu’aurait-elle pu faire d’autres, de toute façon ? _ se lança à la poursuite de Rick et du singe hurleur en se fiant aux appels du petit garçon. La tête en l’air, espérant l’apercevoir, elle courrait aussi vite qu’elle pouvait, sans réel plan, sans savoir comment on arrête un singe débile qui emporte un gamin dans les branches d’une jungle en plein parc de jeux… Soudain, les cris cessèrent, affolée, elle regarda de tous côtés, consciente qu’il était peut-être trop tard, qu’il s’était peut-être passé quelque chose de terrible. Un bruit sourd la fit se retourner et elle découvrit avec horreur le corps inanimé de Rick. Elle s’approcha, tremblante et n’osant croire à ce qu’elle voyait. Jeté au sol tel une poupée de chiffon désarticulée, le pauvre petit, mordu au cou baignait dans son sang. Un rire horrible et démoniaque portant à consonance enfantine se fit soudain entendre au-dessus de leur tête. Une petite fille se tenait au milieu d’une cinquantaine de singes. Noélla crut d’abord que la petite « Barbie », car c’était elle, avait, elle aussi, été enlevée. Pourtant, elle arborait un sourire lumineux, en coiffant de ses petits doigts les poils du primate assis juste à côté d’elle. La petite se leva, suivie de son ami pelucheux, et descendit de l’arbre avec autant d’aisance que s’il s’était  agi d’un escalier. Noëlla était tétanisée, elle voulait sauver cette petite, qui ne semblait pas voir le danger, avant qu’elle subisse le même sort que le pauvre petit Rick. Clarisse s’approcha de sa maîtresse, jusqu’à marcher sur la main du petit corps sans vie. Ne le voyait-elle pas ? Mais tout s’éclaira dans l’esprit de Noëlla  lorsque la petite sourit à nouveau à pleines dents. Sa bouche était pleine de sang. Portant les mains à sa propre bouche, Noëlla demanda.

_ Clarisse, c’est toi qui as mordu ce pauvre Rick ?

Pour toute réponse, la petite tourna les talons et s’enfonça dans la jungle en riant très fort, imitée par les cinquante singes qui l’accompagnèrent et disparurent à leur tour.

Noëlla se tourna vers Rick, ses yeux étaient grands ouverts sur une expression de panique. Elle les ferma et entreprit de le prendre dans ses bras, afin de le ramener aux voitures. Elle souleva le petit corps sans vie et avança doucement, comme pour ne pas le réveiller,  le cœur au bord des lèvres.  Les voitures tournaient toujours en rond lorsqu’elle les rejoignit. Elle compta par réflexe les enfants et en dénombra six. Il manquait effectivement Clarisse et le pauvre petit dont le sang avait cessé de couler. Comment allait-elle justifier une telle horreur ? Quelle preuve irréfutable pouvait-elle emmener pour qu’on la croie enfin ?

Était-elle folle ? Peut-être certaines personnes avaient-elles un ange gardien, et d’autres un persécuteur ?  En tout cas, le sien lui avait fait vivre de réelles atrocités. Pourquoi ? Des classes difficiles à supporter, passe encore, mais un petit mordu à mort par une de ses camarades, c’était plus qu’elle ne pouvait en supporter.

Elle dut courir à côté de la jeep afin de jeter, plutôt que poser le corps et grimpa à son tour sur la banquette arrière.

À peine avait-elle posé ses fesses, que la savane reprit sa place et les voitures redevinrent artificielles.  Le manège s’arrêta et la directrice, flanquée de ses propres huit gamins s’approcha, une allure de reproches dans les yeux et tenant par la main une petite fille et un petit garçon.

_ Avant de monter dans un manège, assurez-vous que tous les élèves sont avec vous ! J’ai trouvé Clarisse et Rick, cachés sous la console du manège. Heureusement qu’ils ne se sont pas éloignés ! Je vous croyais plus rigoureuse, mademoiselle !

Noëlla se retourna et constata que la place à ses côtés était vide, il n’y avait plus aucune trace de sang.

_ Mais, je…

Une année et demie après le drame qui n’en était pas un, Noëlla était devenue livreuse. ;

Au retour du voyage scolaire,  elle avait démissionné de son poste, sentant la dépression nerveuse la guetter, tel un animal prêt à lui sauter à la gorge.  Elle garda cette aventure pour elle, bien entendu, mais  refusait tout contact avec les enfants, dont elle se méfiait comme de la peste.

Un jour, alors qu’elle sonnait à une porte pour livrer un colis énorme,  la porte s’ouvrit sur une fillette blonde aux yeux d’un bleu étincelant et au sourire ravageur.

Le cri de Noëlla s’entendit jusqu’aux fins fonds de la ville.

ERB

 



08/08/2016
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