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La petite fille, qu’était Mafoé à l’époque, passait chaque fin de semaine dans la campagne, en compagnie du fils des fermiers. Son père lui ayant enseigné presque  tout ce qu’il savait sur  la nature,  le jeune garçon  transmettait ce savoir à la petite élève attentive et passionnée.  Cetvop et Mafoé devinrent vite inséparables. Il avait six années de plus qu’elle, et acceptait mal, au début, qu’elle le suive partout, mais elle était déjà très grande et parvenait à lui coller aux sabots, quels que soient la balade qu’il entreprenait ou le travail que lui avait confié son père. Elle suivait, écoutait et savait être courageuse. Elle apprit à extraire le lait des fleurs neigeuses. Ces végétaux aux grandes feuilles d’un vert tendre et aux pétales bleus serrés en forme de cône contenaient, en leur cœur, un liquide blanc riche et vitaminé, très prisé. Pour extraire ce lait, il fallait patiemment ouvrir les fleurs sans les déchirer, presser délicatement le cœur et récolter quelques  gouttes du précieux breuvage. Après l’opération, la fleur se refermait d’elle-même en une nuit. La récolte se faisait deux fois par an chaque fleur, une fois épanouie pouvant donner chaque jour durant une semaine avant de se flétrir. Des champs immenses étaient traités à la main, pied par pied. Lorsque les plants atteignaient leur maturité, tous ceux qui le pouvaient, des villages attenants aux champs et des travailleurs venant de loin, se donnaient rendez-vous. Cette nuée de jynéops travaillaient dans ces océans bleus et verts durant une bonne semaine et se démenaient pour recueillir le liquide précieux. Les repas se déroulaient alors en musique, le long d’immenses tablées posées près des hangars. Le travail était dur, les récolteurs se frottaient le dos le soir venu, mais personne n’aurait voulu manquer ces moments de convivialité et de partage.